7 - CHOIX D'UN PROFIL POUR MODÈLE RÉDUIT
Nombre de REYNOLDS (Re)
Il semblerait qu'il suffise de réduire les dimensions des profils utilisés
sur les meilleurs planeurs pilotés actuels (les 45 et + de finesse).
Cette formule a été souvent expérimentée avec, toujours,
des résultats décevants.
En effet, intervient ici une notion créant de grosses différences
entre des appareils dotés du même profil, mais ayant des dimensions
et des vitesses différentes : L'écoulement de l'air, les coefficients
de portance et de traînée, ne restent semblables que si le produit
de la vitesse par une dimension caractéristique reste constant : V
x l constant.
V = vitesse en mètres par seconde
l = profondeur de l'aile en mètres
Intervient aussi la notion de coefficient de viscosité cinématique
de l'air qui est lié à sa température et à sa pression
et qu'ici nous considérerons comme constant et proche de 0,000015 soit
15/1.000.000.
Symbole : g (gamma)
De ces 3 facteurs résulte le nombre dit "NOMBRE de REYNOLDS
" ou Re
Re = V x l / g
Pour un planeur piloté :
V= 80 km/h soit 22 m/sec
l (profondeur de l'aile) = 1 mètre
Re = 22 x 1 / 0,000015 = 1.466.666
Pour un modèle réduit (Choucas) :
V = 5 m/sec
l = 0,135 m
Re = 5 x 0,135 / 0,000015 = 45.000
Pour un avion de transport, Re se situe vers 15.000.000.
Ceci a conduit à étudier des profils adaptés aux modèles
réduits ayant de bonnes qualités pour des nombres de Reynolds
faibles, et très différents des profils utilisés sur les
avions ou planeurs pilotés.
Parmi ces profils spéciaux pour modèles réduits, le choix
sera fait en tenant compte de la dimension du planeur et de sa vitesse souhaitée,
donc de son nombre de Reynolds.
Article annexe disponible en cliquant ici. Extrait de
Spirales Héraultaises n° 21, de mai 1972.
Le croquis ci-dessous (extrait de Spirales Héraultaises, lui aussi) montre
que le profil auquel correspondent les deux polaires tracées a un meilleur
rendement pour un nombre de Reynolds faible (portance plus élevée,
traînée moindre).
Il faudra l'utiliser pour un planeur lent, donc léger. Par exemple :
vitesse 4 m/seconde, corde d'aile 150 mm.
QUELQUES PROFILS À TITRE INDICATIF
Pour d'autres exemples, feuilletez la collection de "Aviation-Clap"
et consultez les revues spécialisées.
LA PLAQUE CREUSE (profil sans épaisseur)
donnerait de bons résultats.
Les avions de la période 1900-1910 utilisaient des profils proches
de cette formule. Les ailes étaient haubanées dessus et dessous,
car elles ne pouvaient avoir de solidité propre.
Formule difficilement utilisable en modèle réduit.
Les PROFILS du TYPE dit " JEDELSKY"
(bien que Jedelsky n'ait pas produit que des profils de ce type) se rapprochent
de le formule "plaque creuse"" et donnent de bons résultats,
mais demandent une réalisation très particulière.
PROFIL PLUS CLASSIQUE SUR NOS PLANEURS, le BENEDEK 6356-b
Profil creux et mince.
Bonne résultats sur des planeurs très affinés.
Réalisation délicate (minceur).
POUR UN APPAREIL RADIOCOMMANDÉ, un
profil bi-convexe dissymétrique.
POUR UN APPAREIL DU TYPE "WAKEFIELD" (appareil à moteur caoutchouc), le BENEDEK 6405 b.
Remarquer la faible épaisseur, l'extrados peu bombé, l'intrados
peu creusé.
Les croquis de ce chapitre ne prétendent pas à l'exactitude mathématique.
Les profils seraient à redessiner selon leurs coordonnées exactes.
DETAILS GÉNANTS : TRAÎNÉES SECONDAIRES
La traînée dont nous avons parlé jusqu'ici est la conséquence
directe et inéluctable de la portance.
On l'appelle TRAÎNÉE INDUITE.
C'est la traînée d'un profil idéal, réalisé
avec une perfection absolue et faisant partie d'une aile d'envergure illimitée
(aile d'allongement infini).
Ce profil apparaît soustrait aux réalités et aux difficultés
de l'aviation.
Interviennent en fait des facteurs néfastes et importants sur lesquels
nos qualités de modélistes trouveront matière à
s'exercer.
Cee facteurs néfastes sont les TRAÎNÉES SECONDAIRES
(dites aussi PARASITES)
- Traînée de surface
- Traînées marginales
- Traînée de fuselage
- etc...
TRAÎNÉE DE SURFACE
QUALITÉS DE L'ÉCOULEMENT DE L'AIR
L'air, comme tout fluide (huile, eau), a tendance à coller aux surfaces
contre lesquelles il s'écoule, d'où résistance à
l'avancement : TRAÎNÉE DE SURFACE.
(Nous avons déjà parlé de la viscosité de l'air).
L'écoulement sera plus facile sur les surfaces bien polies que sur les
surfaces rugueuses.
D'où la nécessité d'obtenir une très bonne finition
de l'état de surface (aile, stabilisateur et fuselage) : ponçage
et reponçage, vernissage.
Nous ne pouvons que vous renvoyer à l'article
de M. Beyer, très complet et très précis, paru dans le
n° 16 de "Aviation -Clap" (mars 1969).
Pour y accéder, cliquez ici.
D'autre part, l'écoulement de l'air doit être le moins possible
turbulent, le plus possible laminaire.
De quoi s'agit-il ? Expliquons-nous.
A l'avant d'une péniche ou d'une pile de pont se forme un bourrelet d'eau
bien lisse (écoulement laminaire), et, à l'arrière, de
nombreux remous (écoulement turbulent). Il en est de même pour
l'air s'écoulant autour d'une aile ou d'un fuselage.
(Se reporter pour étude au livre du S.F.A. déjà cité
: Technique Elémentaire du Vol, N° 1, pages 81 et suivantes).
L'écoulement est dit LAMINAlRE aussi longtemps qu'il reste parallèle
au profil, sans turbulence, sans décollement. Dans ce cas, la portance
peut atteindre son maximum et la traînée reste minime. Il est très
important de conserver un écoulement laminaire dans la partie du profil
développant l'essentiel de la portance, c'est-à-dire à
l'avant de l'extrados.
Puis l'écoulement perd sa régularité (zone de transition)
et devient turbulent. Le point où l'écoulement devient
turbulent est à reculer au maximum. On y parvient par l'emploi de profils
spéciaux dits "Profils Laminaires", très utilisés
en vol à voile, et en respectant scrupuleusement la régularité
du profil qui a été choisi.
Traînée de surface et modélisme - RESPECT DU PROFIL CHOISI
Tout d'abord reportez-vous à "Comment construire un planeur"
pour les données de base :
- établissement de gabarits strictement conformes au profil choisi
- travail parfait du bloc de nervures
- positionnement correct des baguettes (surtout pas de baguette en saillie sur
le profil)
- entoilage correct.
VOYONS DE PLUS QUELQUES PROCÉDÉS PARTICULIERS
Pour obtenir un bon respect du profil, il importe en premier lieu d'éviter les vallonnements qu'un entoilage simple forme entre les nervures à l'extrados, à l'avant du profil, c'est-à-dire dans la zone la plus importante.
SYSTÈME MULTI-LONGERONS
Nombreuses baguettes à l'avant de l'extrados.
Ce système semble imparfait puisqu'il fournit un profil "à facettes". Mais il est simple et efficace de fait (bon rendement aérodynamique).
COFFRAGE
C'est le meilleur système. Il est utilisé sur tous les avions
et planeurs pilotés. Tout en assurant un bon respect du profil, le coffrage
donne à la construction une très bonne solidité.
Le coffrage peut ne concerner que l'avant de l'extrados (cas des planeurs de
modèle réduit : placage balsa 8 ou 10/10).
Le coffrage peut être d'extrados et intrados.
Cas des profils bi-convexes pour vol circulaire ou radiocommande.
Placage balsa de 10 à 20/10.
Conjugué avec la mise en place d'un cloisonnement entre les longerons
principaux, le coffrage forme un CAISSON tres rigide.
Utilisation en aviation, en vol circulaire, en radiocommande.
CHAPEAUX DE NERVURES
Pour permettre un bon collage du revêtement sur la structure tout
en améliorant la solidité et la rigidité, on peut compléter
le coffrage par la pose de CHAPEAUX DE NERVURES.
Ce sont des lamelles minces (épaisseur égale à celle
du coffrage) qui sont collées sur les nervures.
Le bord de fuite peut aussi être réalisé en coffrage comme
dans le croquis ci-dessus.
Ensemble très solide, utilisé parfois sur des planeurs mais surtout
en radiocommande et vol circulaire.
RÉALISATION : voir au chapitre 14 quelques procédés
de construction.
Procédé particulier au modélisme : CRÉATION D'UNE PRÉ-TURBULENCE
Le fait suivant a été constaté, expérimenté,
étudié en soufflerie : si le vent relatif qu'une aile aborde par
son bord d'attaque est turbulent, le rendement de cette aile s'en trouve amélioré
:
- le point de transition entre l'écoulement laminaire et l'écoulement
turbulent est repoussé vers l'arrière,
- le décollement des filets d'air à l'extrados est retardé,
- l'angle d'incidence utile est augmenté,
- le vol peut être plus lent sans qu'il y ait décrochage.
(notez bien que ces quatre faits sont directement liés les uns aux autres).
EN CONSÉQUENCE, ON PEUT S'EFFORCER DE CRÉER UNE TURBULENCE DEVANT
LE BORD D'ATTAQUE D'UNE AILE
SYSTÈME LE PLUS EFFICACE : LE FIL DE PRÉ-TURBULENCE
DIFFICULTÉS :
- La mise en place par petits supports fixés au bord d'attaque
- Détérioration fréquente à l'atterrissage.
SYSTÈME MOINS FRAGILE : LES TURBULATEURS
Le fil de pré-turbulence sera collé sur le bord d'attaque. Diamètre 8 ou 10/10 mm (corde à piano, nylon).
La position la plus favorable du fil varie selon le profil utilisé et
selon le nombre de Reynolds (dimension, vitesse de vol).
Il est donc nécessaire de procéder à des essais multiples
et précis pour déterminer cette position optimale du fil (excellent
exercice d'étude scientifique du fait de la nécessité de
travailler dans des conditions précises et régulières pour
pouvoir enregistrer des observations valables).
Attention : en règle générale, la pré-turbulence ne crée pas une meilleure portance sur un appareil déjà réglé. Elle permet d'obtenir un nouveau réglage avec un angle d'incidence plus élevé, un vol plus lent.
Utilisation : les turbulateurs (ou fils de pré-turbulence) sont particulièrement recommandés sur des profils dont l'extrados est très bombé à l'avant (voir par exemple plus haut l'avant du profil E. J. 75)
Divers types de turbulateurs :
- Bande de gros papier de verre,
- Triangles de balsa mince collés sur le bord d'attaque.
- Bosse volontaire de bord d'attaque.
LE PLUS SIMPLE DES TURBULATEURS
Ne pas arrondir la baguette de bord d'attaque placée sur
chant !
Beaucoup de modélistes l'avaient déjà réalisé
sans le savoir.