LA PROPULSION À RÉACTION
Le moteur à réaction est certainement un des plus anciens moteurs connus... dans son principe (dès le milieu du XIe siècle, les Chinois utilisaient les «flèches à feu» (probablement des fusées incendiaires), mais aussi le plus complexe dans la réalisation et ce en dépit de son apparente simplicité. Il repose sur une loi fondamentale de la physique dite «de laction et de la réaction» énoncée par Isaac Newton : «A chaque action correspond une réaction équivalente et de sens contraire».
PRINCIPE DE LA RÉACTION
Imaginons que lon produise une réaction de combustion à lintérieur dun corps fermé de tous côtés. La résultante des forces de pression sexerçant sur les parois est nulle (Loi de Mariotte). Ouvrons un orifice dans la paroi arrière, cela permet aux gaz en expansion de séchapper et rompt ainsi léquilibre des pressions. Les gaz jaillissent de la tuyère tout en maintenant leur pression sur le fond de la chambre. Doù une pression plus grande sur la face avant que sur la face arrière. Le corps est alors projeté en avant sous linfluence de la force résultant de cette différence de pression.
La force de propulsion d'une fusée est une force de pression
appliquée sur lavant du propulseur non équilibrée
en raison de lorifice pratiqué à larrière.
Cette force de pression est proportionnelle au débit massique
des gaz (q) et à leur vitesse déjection (v).
On aurait donc tort de croire quune fusée se propulse contre quelque chose dexterne. La poussée sexerce intérieurement à lengin et plus la vitesse des gaz est grande, plus la poussée est considérable.
La loi de Newton entre en jeu dès que la fusée est allumée, «laction consistant dans léchappement des gaz». Quant à la «réaction» (équivalente et de sens opposé), elle correspond à ce que les artilleurs appellent le recul : en lespèce, la poussée qui sexerce sur le fond de la chambre de combustion. On peut aisément reproduire le phénomène en utilisant des moyens courants, par exemple, un tuyau darrosage où laction de leau engendre une réaction dans la lance que tient votre main. Vous pourrez aussi gonfler un ballon que vous laisserez partir soudainement. Lair comprimé sortant par la valve produit une réaction qui projette lobjet en arrière. Autre exemple classique de la propulsion à réaction, le tourniquet darrosage. Chacun a pu ainsi observer que le mouvement de rotation seffectuait en sens inverse du jet deau, et que la vitesse de rotation du tourniquet était dautant plus grande que la vitesse de leau était elle-même plus grande. La fusée, cependant, dépend, pour sa propulsion, dun jet de gaz à très haute température et à très haute pression, engendré par la combustion dun propulsif adéquat.
LES PROPULSIFS
Le propulsif dune fusée ordinaire consiste en un carburant et
en un oxydant. Ce composé chimique nommé «propergol»
se compose de deux ergols souvent liquides.
- le carburant (réducteur) tel le kérosène ou les alcools
méthyliques.
- le comburant (oxydant) tel oxygène liquide ou acide nitrique.
Ces ergols emmagasinés sous pression dans deux réservoirs distincts
sont injectés dans une chambre à combustion où lallumage
intervient immédiatement.
Types dergols :
Propergol liquide : constitué de deux ergols liquides.
Ces ergols sont mis sous pression dans des réservoirs et injectés
dans la chambre de combustion.
Dans les fusées à propulsif solide, combustible et oxydant sont combinés en une substance compacte, appelée monergol lorsquun seul composé chimique joue à la fois le rôle de carburant et celui de comburant. Beaucoup plus simple, la fusée à combustible solide se construit et semmagasine avec une grande facilité. Toutefois, le mélange du combustible et du comburant étant réalisé avant lallumage, la combustion ne sarrête plus lorsquelle est amorcée et même avec de très gros pains, elle ne dure que quelques secondes. Doù limportante accélération communiquée à lengin et la quasi impossibilité de régler à convenance.
Cependant, en agissant sur les blocs de poudre, il est possible de faire varier le rendement et la performance des moteurs en fonction des besoins. Doù les formes très diverses que peuvent prendre les pains de poudre : celles-ci sont caractérisées par le coefficient de remplissage, cest-à-dire le rapport du volume de la poudre au volume interne du propulseur.
Forme des blocs :
Les meilleurs rendements sont obtenus pour des surfaces de combustion
qui demeurent constantes durant le temps de propulsion. Les principaux types
de blocs sont :
blocs à combustion frontale : ce sont des blocs cylindriques
pleins inhibés extérieurement et brûlant «en cigarettes»
:
- le remplissage est maximum
- la poussée est faible
- le temps de combustion est long.
blocs à combustion interne : obtenus par une perforation
longitudinale du pain de poudre.
- les gaz de combustion ne sont pas en contact avec la paroi du propulseur.
- la surface de combustion est grande.
- le temps de combustion est court.
- lobtention dune surface de combustion constante
est possible.
Lorsque la durée de fonctionnement est faible, mais que lon désire une poussée, donc un débit élevé, la surface de combustion doit être grande par rapport au volume de la poudre et le coefficient de remplissage ne dépasse pas 0,6. Pour des temps de fonctionnement plus longs, la surface de combustion est faible par rapport au volume de la poudre et le coefficient de remplissage atteint 0,9.
Pour augmenter la surface de combustion dun bloc donné, on peut le perforer dans le sens de la longueur : les gaz circulent alors parallèlement à la surface de combustion.
PROPULSION ANAÉROBIE
Ce qui fait de la fusée un véhicule spatial unique, cest que, contrairement au moteur àréaction classique, qui puise son oxygène dans latmosphère, le propulseur de la fusée est un système autonome, fonctionnant en circuit fermé et capable dopérer nimporte où, voire dans le vide. Cest même dans un tel milieu quil «rend» le mieux, puisque lair non seulement freine sa lancée, mais inhibe encore léchappement de ses gaz.
En outre, contrairement à lobus, la fusée perd du poids au fur et à mesure que son combustible sépuise. Sa poussée étant à peu près constante, on peut donc dire quelle accélère graduellement pour atteindre son maximum de vélocité juste en fin de combustion. Un propulseur est, de tous les moteurs, celui qui engendre la plus grande poussée par rapport à son poids.
LES MICRO-PROPULSEURS À RÉACTION
Plusieurs types de moteurs de performances différentes sont disponibles
en deux versions :
des propulseurs de croisière,
des impulseurs (boosters) pour multi-étages.
Ces micro-propulseurs se présentent sous forme dun cylindre en carton de 70 mm de long et de 17,5 mm de diamètre. Ce sont des moteurs à poudre du type monergol donc pouvant fonctionner sans apport extérieur doxygène.
Propulseur de croisière :
Principe de fonctionnement : fixons avec précaution un moteur sur un
étau (veiller à le maintenir solidement sans écraser lenveloppe
en carton). Une fois la distance de sécurité observée,
effectuons la mise à feu. Nous observons :
- une phase de combustion : les flammes sortent par larrière
- une phase darrêt : avec fumée cependant
- une phase dexplosion : avec sortie de flammes vers lavant.
Destiné aux fusées mono-étage, ce moteur contient une
charge qui propulse la fusée, ainsi quune mèche lente qui,
enflammée en fin de propulsion, brûle durant la phase balistique,
permettant à la fusée de continuer sur son élan pour atteindre
son point maximum, avant de mettre à feu une troisième charge,
dite charge déjection.
Cette dernière dégage à Iintérieur du corps
de la fusée des gaz brûlant sous pression assurant léjection
du système de récupération ou la rupture, par combustion,
dun fil retenant ce système de récupération.
Impulseur :
Allumage :
La mise à feu du propulseur seffectue à laide dun allumeur électrique.
Il consiste en un fil Nickel-Chrome de 0,3 mm de diamètre, de 15 à 20 W/m, enduit ou non dune couche superficielle de poudre. Il est introduit à lintérieur du propulseur par la tuyère et doit être pressé contre la poudre.
Branché aux bornes dune batterie (12 V), lallumeur porté au rouge enflamme la poudre.
Une batterie chargée peut permettre un millier de lancements, mais il est préférable de la recharger après chaque campagne de lancements.
Remarque : Dans les micro-propulseurs, le type de combustion est axial (en cigarette). La poudre brûle à partir de la tuyère jusquau fond du propulseur. Toutefois, en introduisant une baguette de balsa par la tuyère, on constate que celle-ci senfonce plus ou moins suivant le type de moteur. Il est intéressant de noter que cela influence directement les performances : plus le canal est profond, plus la chambre de combustion est grande, donc plus la poussée est importante, mais plus elle est de courte durée.
Codification :
Essai au banc :
Sécurité :
Après la mise à feu, les jets de gaz propulsifs issus de la tuyère, puis lexplosion de la charge douverture rendent dangereux laxe du propulseur à 30 cm de part et dautre de celui-ci.
On doit disposer dune clé de sécurité dans le circuit dallumage pour empêcher lallumage intempestif du propulseur au cours de sa manipulation.
De par sa conception et la constitution de la poudre, le propulseur présente un maximum de sûreté demploi. Les chocs, lécrasement, la chaleur, ne doivent pas provoquer son allumage spontané. En revanche, ces contraintes peuvent modifier la structure du bloc de poudre propulsive ou de la tuyère en ciment (lésions, cassures) et empêcher un bon déroulement des séquences : éjection de la tuyère, perçage du tube, mauvaise combustion...
Pour pallier à ces inconvénients, les propulseurs ayant subi ces contraintes doivent être détruits en les plongeant dans leau quelques minutes.