4 - Utilisation des ascendances

LA MISE EN VIRAGE

Un bon planeur qui ne volerait qu'en ligne droite irait, à chaque vol, se poser beaucoup trop loin.
D'autre part, pour rester en l'air longtemps, le planeur doit ne pas s'écarter des zones favorables, celles où l'air a une tendance à monter (zones d'ascendances).
S'il ne vole qu'en ligne droite, il traversera ces ascendances pour en sortir aussitôt.

Ce n'est pas aujourd'hui notre propos de parler des ascendances thermiques et des descendances, ni des moyens de détecter les unes et les autres. Nous voulons seulement étudier comment les utiliser au mieux.
Disons tout de suite qu'il est nécessaire de tourner en rond, de "spiraler", dans les secteurs favorables, donc il faudra donner à nos planeurs un virage régulier.

COMMENT OBTENIR CE VIRAGE ?
Deux procédés sont couramment employés : le volet de direction commandé et le volet fixe avec crochet de treuillage désaxé.

 

VOLET DE DIRECTION COMMANDÉ

Avantages
- permet une montée rectiligne et facile au treuillage.
- permet de tenir le planeur au bout du fil, comme un cerf-volant, en attendant le moment favorable au largage dans une zone d'ascendance.
Inconvénients
- Le système de largage exige une réalisation parfaite, ne présentant aucun point dur, sinon les cas de non-largages sont fréquents.
- Le largage provoque souvent un déséquilibre (vol ondulant) qui nécessite une très bonne stabilité longitudinale pour que le retour au vol correct soit rapide.
Réalisation
beaucoup de systèmes ont été préconisés qui nécessitent des accessoires à adjoindre au fil de treuillage (voir des revues - voir des plans).
- Celui représenté ci-dessous diminue au mieux les risques de non-largage, sous la condition que le caoutchouc de rappel du volet soit très faible et le fil tendu au minimum. (Et il a été expérimenté de nombreuses fois).

Losange de corde à piano fine (5/10 mm) ou ressort de même matériau.

Ces systèmes empêchent efficacement l'anneau de treuillage de remonter le long du fil de mise en virage, et donnent de l'élasticité au système.

Fonctionnement et réglage du volet mobile (vues de dessus).

Le réglage de la montée en ligne droite, puis le réglage du rayon de virage sont obtenus par l'action de deux butées réglables formées de deux vis très fines (2 mm).
Tout le montage doit être très souple : caoutchouc fin - fil peu tendu.

 

LE CROCHET DÉPORTÉ

Le crochet est déporté du côté où se trouve aussi braqué le volet de direction.
Par rotation autour du CENTRE de GRAVITÉ du planeur, l'action du crochet et celle du volet de direction créent deux tendances inverses qui s'équilibrent pendant la majeure partie du treuillage.
Après le largage, l'action du volet reste la seule et la mise en virage s'effectue.

En fait, ce n'est pas si simple : voir les deux croquis ci-dessous.
La montée ne peut pas être rectiligne.
Au départ, l'action déviatrice du crochet est maximum.
Par contre, en fin de treuillée, à la verticale du treuilleur, cette action est devenue nulle, le volet de direction agit seul.

CAS LE PLUS COURANT

Le planeur décrit une large courbe.
En haut de cette courbe, quand il arrive face au treuilleur, il doit obligatoirement être largué sans le moindre délai.
Sinon, il continue sa courbe et, par suite, il redescend tout en prenant une vitesse excessive.
Il faut arriver, par réglage de la position du crochet, à placer le haut de la courbe en haut des 50 m de fil, et non à 20 ou 30 m.

MONTÉE EN ZIGZAG

Le crochet est placé plus en avant, ce qui crée une montée volontairement zigzaguante.
Profiter d'un de ces zigzag pour larguer le planeur du côté du virage prévu, et en survitesse.
Méthode efficace, mais délicate, pour placer le planeur au plus haut, en spirale, dans l'ascendance.

Avantages du crochet déporté :
1- Réalisation simple.
2- Le planeur se trouve largué perpendiculairement au vent et en virage. De ce fait, il se trouve, beaucoup moins souvent qu'avec un volet commandé, en position de perte de vitesse au largage (vol ondulant).
Ses inconvénients :
1- Demande un réglage précis du volet et du crochet (voir plus bas).
2- Treuillage délicat demandant du sang-froid, de l'entraînement. Nécessite de larguer juste dans la seconde favorable.

 

VALEUR DE DÉPORT DU CROCHET :

Cette valeur est variable selon l'envergure du planeur et selon le rayon de virage recherché, mais aussi selon l'importance de la dérive et celle du nez du planeur. Sauf indication précise sur le plan, le déport du crochet sera déterminé expérimentalement.
Sur les planeurs de 1,50 m d'envergure, le déport atteint 20 ou 25 mm (par rapport à l'axe du fuselage et non par rapport à son flanc).

- On peut réaliser un crochet à déport réglable par montage sur tiges filetées.

Le volet de direction devra, lui aussi, être réglé, soit par un système de réglage à vis (revoir plus haut : Volet de direction commandé ), soit par braquage d'un volet découpé dans la dérive (Système "Choucas").
Dans ce dernier cas, quand le réglage est obtenu, BLOQUER le volet par un point de colle, sinon il se trouvera trop souvent déréglé.

Sur le CHOUCAS, le crochet placé contre le flanc du fuselage est très peu déporté (5 mm).
C'est suffisant pour permettre d'obtenir un virage très ample tout en ne rendant pas le treuillage trop délicat.

Déplacement du crochet d'avant en arrière :

La position du crochet est une donnée fixe.
C'est particulièrement vrai pour le crochet déporté, car son déplacement modifie totalement la trajectoire de la treuillée jusqu'à rendre celle-ci impossible.
En cas de vent fort, modifier la vitesse ou le sens de la course du treuilleur, mais non le crochet.

 

Complément : Largage dans l'ascendance, tournage, mise en virage

Pour obtenir des vols de longue durée, il faut apprendre à ne larguer qu'au moment favorable, celui où passe une ascendance.
Ce moment se sent au doigt, car le planeur tire alors vers le haut au bout de son fil.
Inversement, s'il y a descendance, le fil devient mou et l'on doit courir parfois pour éviter un largage involontaire.

II faut donc garder le planeur au bout du fil en attendant que "ça tire".

- Avec le crochet central, le volet commandé et la montée rectiligne, c'est assez simple (genre cerf-volant). La difficulté est de larguer sans provoquer d'abattée.

- Avec le crochet déporté, certains modélistes ont acquis la pratique du "tournage", c'est-à-dire qu'ils font décrire des cercles à leur planeur avant de le larguer. Cela nécessite un appareil bien réglé, un entraînement sérieux... et un bon état cardiaque (parce que ça passe souvent bien près du sol).

Sans compter que si vous gardez longtemps votre planeur au bout du fil, la mèche du déthermalisateur se consume, elle, sans attendre le largage.
Alors, vous penserez à munir votre bel appareil d'une minuterie qui ne se mettra à fonctionner qu'au largage.
... Mais une minuterie, ça coûte autant que deux de nos planeurs, autre problème.

Prise de virage

Pour aider à la mise en virage du côté voulu et pour éviter l'abattée qui guette le planeur largué face au vent, le treuilleur, en fin de treuillage, déplacera son sens de traction perpendiculairement au vent, avant de larguer.