1 - Essais à la main

Le lestage étant réalisé définitivement selon les indications du plan, les essais à la main permettent de préciser expérimentalement la valeur du dièdre longitudinal assurant le meilleur plané. Ceci par réglage de la position du stabilisateur (variation de son angle d'incidence).

Croquis ci-dessous : cas de nos appareils de début (aile à plat sur le fuselage).

Comment procéder ?

Tout d'abord, résister à la tentation d'essayer bien vite l'appareil tout neuf dans la cour ou dans la rue.
Il s'y trouve trop d'obstacles durs, et surtout l'air n'y a jamais un écoulement régulier.
Il s'y forme des remous, d'où l'impossibilité de faire des observations valables.
Attendre un moment très calme :
- Tôt le matin, ou tard le soir.
- Pas de vent ou vent presque insensible.
- Pas d'obstacles pouvant créer des tourbillons, même faibles.
- Le but est de faire des observations en air calme.
Choisir un terrain herbeux, souple, de 50 à 60 m au carré au moins (et ce sera trop petit si vous passez aux essais au treuil).

LANCER L' APPAREIL EN DESCENTE TRES LÉGÈRE (croquis) en visant un point au sol à 10 ou 15 mètres. Notez qu'un planeur en vol est toujours sur une trajectoire descendante... même lorsqu'il est soulevé par une ascendance.

Lancer en légère descente : c'est bon !

Lancer en force vers le haut : aucune valeur !

Il est impossible de tirer une conclusion après un lancer fait vers le haut, si peu que ce soit, l'appareil se trouvant placé automatiquement dans le cas "Perte de vitesse" qui est étudié plus loin.
A noter que ce défaut (lancer vers le haut) est enraciné solidement chez les débutants qui auront à se contrôler fermement.
Cette première condition (lancer en descente) étant respectée, il reste à donner la bonne vitesse de lancement.
C'est une question de doigté, donc une question d'essais multiples, et la participation d'un modéliste très averti sera nécessaire à vos débuts.

 

VOYONS MAINTENANT LES DIFFÉRENTS CAS QUI VONT SE PRÉSENTER

Premier cas typique : LA PERTE DE VITESSE

L'appareil, lancé comme il convient, en légère descente, amorce malgré cela une montée. Il ralentit, il perd sa vitesse, d'où l'expression employée "perte de vitesse", puis il pique brusquement. On dit qu'il "décroche".
FAISONS UN DEUXIEME ESSAI : Une vitesse de lancement trop grande pouvait être la cause de cette montée précédant la chute. Donc, nous lançons un peu moins vite et toujours en légère descente. Le défaut persiste, quoique moins marqué.
CONCLUSION
La queue du planeur a tendance à s'abaisser par rapport à l'aile. La portance du stabilisateur est insuffisante.
CORRECTION
Augmenter la portance du stabilisateur.
Pour cela, augmenter son angle d'incidence en relevant son bord d'attaque, ou plutôt en abaissant son bord de fuite.
COMMENT ??
En ponçant la cale placée sous ce bord de fuite.

Nos planeurs de début " Ludion" et" Choucas" sont conçus pour présenter, de construction, ce réglage en perte de vitesse, de façon à ce que leur mise au point puisse se faire par simple ponçage de la cale spéciale.

CORRECTION
Diminuer l'épaisseur de la cale de réglage.
Le réglage se fera par essais successifs, en diminuant la cale très progressivement.

REMARQUE
Le ponçage sera fait selon un axe assurant un bon appui du stabilisateur sur la cale.
Ce ponçage ne sera donc pas horizontal.

 

Deuxième cas typique : LE PIQUÉ
Au premier essai, le planeur touche le sol, assez brusquement, à 4 ou 5 mètres seulement, selon une trajectoire dont la pente s'accentue.
Faisons un deuxième essai, en lançant un peu plus fort, car la vitesse était peut-être trop faible : même défaut, vol trop court, impression de chute et non de plané.
L'appareil descend trop vite. Il est réglé en piqué.
CONCLUSION
La queue du planeur est soulevée par le stabilisateur.
La portance du stabilisateur est trop forte.
CORRECTION
Diminuer l'angle d'incidence du stabilisateur.
Pour cela, il faut soulever son bord de fuite, par rapport à son bord d'attaque qui reste fixe.
COMMENT ? ?
En glissant une cale d'épaisseur sous le bord de fuite.

CORRECTION
Glisser une cale de balsa sous le bord de fuite du stabilisateur.

TRÈS IMPORTANT
Coller cette cale solidement dès que le réglage est obtenu.
Sinon, vous la perdrez au premier atterrissage un peu sec... et vous recommencerez tout le réglage.
Le réglage se fera par essais successifs, en augmentant progressivement l'épaisseur de la cale ajoutée, jusqu'à aboutir à un réglage en légère perte de vitesse (voir paragraphe précédent).
Il suffit alors de diminuer la cale de 1 mm pour avoir un vol satisfaisant qui sera fignolé en essais au treuil.

ATTENTION À NE PAS CONFONDRE PIQUÉ ET PERTE DE VITESSE
Voyez le croquis ci-dessous.
Comparez les trajectoires pour un même axe de lancement.
Dans les deux cas de mauvais réglage, les arrivées au sol, sur le nez, se ressemblent, mais non le trajet suivi.
Dans le cas de la perte de vitesse, le piqué final est précédé par une montée.

ATTENTION AUSSI
Très souvent, la perte de vitesse est due à un lancé trop fort, et encore plus souvent à un lancé avec le nez du planeur en l'air.
De nombreux essais vous permettront de sentir aux doigts la bonne vitesse, quel que soit le vent.
De même pour l'axe de lancement vers le bas : question d'entraînement.
Au début, faites-vous aider.

NE PARLEZ JAMAIS D'AJOUTER OU DE RETIRER DU PLOMB.
Le lestage se fait une fois pour toutes, selon le plan.
ET ON N'EN PARLE PLUS.

 

FINITION DU RÉGLAGE EN PLANÉ

Le réglage du plané à la main n'est, en fait, qu'un dégrossissage : la durée des vols sur lancer main est trop brève pour permettre des observations précises.
De plus, l'écoulement de l'air au ras du sol (sauf cas de vent vraiment nul) est toujours perturbé par des tourbillons : ce n'est pas un écoulement "laminaire".
Le réglage sera poursuivi par des essais en vol avec un fil de treuillage court, 10 mètres environ, pour pouvoir multiplier les essais et pour limiter les risques de "virage engagé", c'est-à-dire s'accélérant jusqu'au sol.
La finition se fera sur fil plus long : 30 ou 50 mètres.

N.B. - pour la technique du treuillage, voir le chapitre suivant.

Observations sur les essais au treuil

1- VOL ONDULANT AVEC ACCENTUATION DES ONDULATIONS

Réglage en légère perte de vitesse.
Augmenter un peu la portance du stabilisateur en ponçant légèrement la cale de réglage (1 /2 mm par exemple).
N.B. - Le vol ondulant résulte très souvent d'un mauvais largage, fait avec brusquerie.
Observer si les ondulations s'atténuent (Stabilité dynamique, c'est bon) ou si elles augmentent d'amplitude (Instabilité dynamique : réglage à poursuivre, diminution de l'épaisseur de la cale de stabilisateur).

2- VOL RAPIDE - VITESSE DE DESCENTE IMPORTANTE

Réglage en léger piqué.
Ajouter une cale de réglage.
En augmenter l'épaisseur jusqu'à arriver au cas cité ci-dessus (légère perte de vitesse).
A ce moment, en enlevant 1 mm, ou 1/2 mm de cale, on arrive au plané optimum.

Et répétons-nous. Le réglage étant obtenu, il est impératif de coller les cales ajoutées, sinon elles seront immanquablement perdues. Et il faudra recommencer les essais...

Le virage dons les premiers essais
Le virage est à étudier dès les essais à la main.
Deux exemples :

LE LUDION est destiné à un vol rectiligne.
Agir très délicatement, par millimètre, sur le volet de direction, pour obtenir la ligne droite dès les essais à la main.
Fignoler ensuite pour obtenir une montée en ligne bien droite au treuillage (l'appareil étant lâché non incliné).
N.B. : Le plan d'origine du Ludion ne comporte pas de volet de direction. Sauf construction absolument parfaite, il est nécessaire d'en adjoindre un pour obtenir une montée rectiligne au treuillage.

LE CHOUCAS est destiné à un vol selon une courbe très peu accentuée du fait que son crochet, sans être sur l'axe de symétrie, n'en est que très peu éloigné.
Dès les essais à la main, le volet de direction sera utilisé pour obtenir ce léger virage (du même côté que le crochet, c'est-à-dire vers la gauche du planeur si le plan est respecté).
N'essayez pas de treuiller un planeur qui présente un virage accentué aux essais à la main. Ce serait courir à la catastrophe au treuillage.