2 - Le treuillage

LE TREUIL (Poignée, tambour tournant, manivelle, ...)

Instrument à proscrire pour le treuillage ... oui, c'est sérieux.
Provoque la formation d'inextricables amas de nœuds, dits "perruques" ou "sacs".
Manque de souplesse dans l'emploi.
Treuillage brutal, irrégulier...
Une utilité du treuil quand même : rembobinage du fil après les vols.

LE FIL DE TREUILLAGE

50 mètres de nylon de pêche.
Diamètre 40/100 au moins. Si possible nylon tressé, plus visible.
Eviter le nylon en-dessous de 45/100. Trop fin, il s'allonge sous la traction et se comporte comme un élastique.
Les nylons sont divers. Eliminer les trop élastiques.
La ficelle très fine, dite "de boucher", a une plus forte traînée aérodynamique, mais se voit mieux dans l'herbe et s'embrouille moins que le nylon.
(voir plus loin : traînée = résistance à l'écoulement de l'air).

PRÉPARATION DU FIL DE TREUILLAGE

Tout d'abord, le mesurer. Les bobines du commerce sont rarement de 50 m juste.
Un anneau de 3 à 4 cm pour passer un doigt et treuiller ainsi en douceur.
Un tissu (fanion CLAP par exemple) pour retrouver facilement l'anneau.

A l'extrémité "Planeur", un petit anneau (1 cm ou 1 cm 1/2) à 30 cm en avant, 2 à 4 dm2 d'un tissu très léger (soie) ou un fanion CLAP.

POSITION DU CROCHET SUR LE PLANEUR

PRINCIPE DE BASE
Respecter la position indiquée sur le plan par rapport au centre de gravité.
Si le crochet est trop en arrière, la montée sera brutale et le risque de casse de l'aile (mise en portefeuille) sera aggravé.
Si le crochet est trop en avant (défaut classique chez les débutants), le planeur ne s'élève pas, surtout au départ, malgré une bonne vitesse de treuillage.
S'il accepte de monter, il zigzague et n'atteint pas le maximum de hauteur permis par la longueur du fil.
(Une montée zigzaguante est le symptôme le plus sûr de la position trop avancée du crochet).

LA POSITION DU CROCHET AYANT ÉTÉ DETERMINÉE, NE PLUS LA "BRICOLER" SOUS PRÉTEXTE QUE LE VENT EST PLUS OU MOINS FORT.

La position du crochet, comme le poids du lest, est une donnée fixe. Ce sera au treuilleur d'adapter sa course selon le vent (sens et vitesse).
Modifier la position du crochet nécessite d'autres modifications (en particulier sur le déport du crochet dans le cas du crochet déporté).

COMMENT TREUILLER ?

Grave question car les trois quarts de la réussite (ou de l'échec) sont là.
Très exactement face au vent.
Pour déterminer la direction du vent, observer une fumée de cigarette, ou le sens de chute de quelques brins d'herbe sèche lancés verticalement.
Remarquer surtout que le fil de treuillage, avant qu'il ne soit tendu, ne doit se trouver déporté par le vent ni d'un coté, ni de l'autre.
Déterminer ainsi la direction du vent à chaque vol (les chutes de vent sont très fréquentes).
En contrôlant la tenue du planeur par votre aide : une main au centre de gravité, deux doigts stabilisant l'appareil.

BONNE TENUE DU PLANEUR :
Cabré de 20 à 30°.
Tenir de l'autre main l'extrémité de l'aile pour assurer la position horizontale de celle-ci.

MAUVAISE TENUE DU PLANEUR :
Tenu horizontalement, le planeur va, dès son lâcher, s'enfoncer, frôler ou toucher le sol. Grandes chances de décrochage.

 

 

Comment l'aide lâchera-t-il le modèle ?
Surtout, IL NE LE LANCERA PAS VERS L'AVANT, si peu que ce soit, sinon l'anneau glissera vers l'arrière et il y aura décrochage.
De même si, tendant trop le fil de treuillage, vous le transformez en lance-pierres.
LE FIL DOIT RESTER TRÈS LÉGÈREMENT TENDU.

1- Si le vent est nul ou très faible (inférieur à la vitesse de vol du planeur), l'aide ACCOMPAGNE la course du treuilleur en trois ou quatre pas en maintenant égale la tension du fil, puis il lâche le planeur, toujours sans le projeter en avant.

2- S'il y a un peu de vent, l'aide n'a même pas un seul pas de course à effectuer.
Le fil étant modérément tendu, il lui suffit d'ouvrir les doigts au signal du treuilleur.

3- Si le vent est fort, l'aide pourra tenir l'appareil devant lui, à peu près verticalement : fuselage tenu d'une main, extrémité de l'aile de l'autre main.
L'appareil, lâché au signal du treuilleur, suivra immédiatement la courbe de montée (schéma ci-dessous), en évitant le moment dangereux du passage de la trajectoire horizontale à la trajectoire verticale.

VITESSE DE TREUILLAGE
Le défaut classique : course incontrôlée, traction trop forte.
PRINClPE : quel que soit le vent, de nul à très fort, la vitesse du planeur en treuillage doit rester la même, par rapport à l'air.

Supposons un planeur dont la bonne vitesse de treuillage soit de 15 km/heure.
Nous simplifions
- puisque la vitesse n'est pas constante du début à la fin de la treuillée,
- puisque la trajectoire de la treuillée est une courbe,
- puisque la vitesse du vent n'est pas la même au ras du sol et à 40 mètres de hauteur.
Notre propos est de poser le problème.

Premier cas : AUCUN VENT
Le treuilleur devra courir à la vitesse de 15 km/heure.
Vitesse vent (0) + Vitesse course (15) = Vitesse de treuillage (15).

Deuxième cas : VENT de 10 km/heure
Le treuilleur devra courir à 5 km/heure, contre le vent.
Vitesse vent (10) + Vitesse course (5) = Vitesse de treuillage (15).

Troisième cas : VENT de 15 km/heure
Le treuilleur reste sur place.
Vitesse vent ( 5) + Vitesse course ( 0) = Vitesse de treuillage (15)

Quatrième cas : VENT de 30 km/heure
Le treuilleur va courir, DANS LE MÊME SENS QUE LE VENT, à 15 km/heure.
Vitesse vent (30) - Vitesse course (15) = Vitesse de treuillage (15).

Ces petits calculs ont un air simpliste mais... cette notion de VITESSE PAR RAPPORT À L'AIR, remplaçant la notion de vitesse par rapport au sol, devra peu à peu s'implanter solidement et dominer nos réflexes de modélistes.
Ce ne sera pas facile, cela ne se fera pas en un jour...
Signalons en passant (hors du propos treuillage) que, lorsqu'un planeur réglé se trouve en vol libre, sa vitesse par rapport à l'air reste strictement constante, et ceci quelles que soient les illusions résultant du fait qu'il vole par vent arrière ou vent de face.

EN FAIT, DANS LE TREUILLAGE, CE QUI COMPTE, c'est de ne sentir sur le doigt passé dans l'anneau de treuillage qu'une faible force de traction, et ceci quel que soit le vent.

Il faudrait pouvoir intercaler sur le fil un dynamomètre avec une graduation à ne jamais dépasser, ... ou bien un "fusible", fil fin se brisant sous une trop forte traction.
En tout cas, ne pas avoir dans la main une poignée à laquelle on s'agrippe immanquablement trop fort...

RETENEZ que vous aurez à courir plus souvent dans le même sens que le vent que contre le vent.
Les moniteurs veilleront à bloquer les courses inconsidérées des débutants (en se plaçant derrière eux) tout en les habituant à toujours regarder le planeur en cours de treuillage.

LE BUT À ATTElNDRE : Montée lente qui pourra être suivie, contrôlée, corrigée. S'exercer à faire monter le planeur le plus lentement possible pour apprendre ainsi à le contrôler et surtout à se contrôler soi-même.

COMMENT ATTEINDRE CE BUT ? Une seule méthode, la pratique.
Treuiller des dizaines de fois jusqu'à acquérir la sensibilité à la force de traction.

 

LA DIFFICULTÉ COURANTE ET LE DEUXIÈME DÉFAUT CAPITAL (après la traction brutale)

Difficulté courante :

Au lieu de monter droit, face au treuilleur, le planeur s'incline et se met en virage de plus en plus prononcé.
On dit qu'il "'s'engage en virage" ou seulement qu'il s'engage.

Défaut capital :

Tirer plus fort sur le fil dans l'espoir de "ramener'", comme on dit, le planeur.
En fait, on exagère ainsi le défaut, on augmente l'inclinaison du planeur que l'on amène par terre... et fort brutalement.

Action correcte : laisser le fil mollir, et attendre...
1- Si l'appareil se redresse, reprendre la traction quand il se trouve de nouveau face au treuilleur.
2- Si l'appareil reste incliné, faire vite, la solution de sauvetage est de larguer tout de suite le planeur, en détendant nettement et brusquement le fil, voire en le jetant. L'atterrissage d'un planeur libéré de toute traction est toujours moins brutal que s'il est amené, accroché au fil, jusqu'au sol.

et, dans les deux cas, RECHERCHEZ LA CAUSE DE CETTE MAUVAISE MONTÉE.
Ne pas remettre l'appareil au bout du fil sans rien corriger en espérant que, par miracle, ça ira mieux la deuxième fois. Le modélisme est école d'observation et de réflexion... et il ne prévoit pas la place du miracle.

LES CAUSES POSSIBLES D'UNE MONTÉE INCORRECTE par ordre de gravité :
1- Le treuillage n'a pas été fait parfaitement dans l'axe du vent.
2- Le planeur a été lâché, incliné, par l'aide.
3- Le volet de direction est mal réglé.
4- Le crochet est mal réglé (cas d'un crochet déporté).
5- Le planeur est instable en direction.
6- Le planeur est dissymétrique.

LES CORRECTIONS À APPORTER À CES DÉFAUTS
Cas 1 et 2 - La correction coule de source.
Cas n° 3 - Réglage du volet à faire mm par mm. Puis bloquer ce volet.
Cas n° 4 - Voir au chapitre 4 l'étude du crochet déporté. Respecter le plan.
Cas n° 5 - Instabilité en direction. Plan non respecté : dièdre insuffisant ou dérive trop petite, ou nez trop allongé.
Cas n° 6 - Dissymétrie. Voir le chapitre suivant.